Depuis plus de 30 ans, l’Orlyval relie la gare RER B d’Antony à l’aéroport d’Orly. Mais avec l’arrivée des nouvelles lignes du Grand Paris Express, son utilité est remise en question. Faut-il la moderniser, la reconvertir… ou la démanteler ?
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Une navette automatique entre Antony et Orly
Mise en service en 1991, la ligne Orlyval est un métro automatique de 7,3 km utilisant la technologie VAL (véhicule automatique léger). Elle relie directement la gare d’Antony à l’aéroport d’Orly, en une quinzaine de minutes. Unique en Île-de-France, cette ligne fonctionne hors du réseau tarifaire classique. Le billet coûte plus cher que celui d’un trajet en métro ou RER, ce qui constitue un frein pour de nombreux usagers.
D’abord exploitée par un consortium privé, Orlyval est reprise par la RATP en 1993. Le trafic progresse ensuite régulièrement, grâce à une meilleure intégration avec le RER B et à la croissance du trafic aérien.
L’arrivée de la ligne 14 bouleverse l’équilibre
Depuis le 24 juin 2024, l’aéroport d’Orly est désormais directement relié à Paris grâce au prolongement de la ligne 14 du métro. Cette nouvelle desserte rapide – seulement 25 minutes entre Châtelet et Orly – a profondément modifié les habitudes de transport des voyageurs.
Résultat : Orlyval voit sa fréquentation chuter de 70 à 75 %, selon les chiffres d’Aéroports de Paris. Les usagers privilégient désormais une solution plus directe, intégrée au tarif unique francilien. En parallèle, l’Orlybus est en voie de suppression.
Cette perte d’attractivité soulève la question de l’avenir d’Orlyval, d’autant plus que la ligne 18 du Grand Paris Express doit également desservir Orly à l’horizon 2027-2028, en reliant l’aéroport à Massy via Antonypole.
Quelles solutions envisagées pour Orlyval ?
Face à cette concurrence nouvelle, plusieurs scénarios sont actuellement à l’étude.
Maintien avec modernisation et intégration tarifaire
Les collectivités locales – notamment Antony, Wissous et la communauté Paris-Saclay – militent pour le maintien de la ligne, mais sous une forme rénovée et mieux intégrée. Leur proposition comprend :
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L’abaissement du tarif, aligné sur le prix d’un billet de métro ou RER
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La création de trois nouvelles stations : au Chemin d’Antony (où passe le RER C), à Wissous (gare aujourd’hui fermée aux voyageurs), et à Rungis – La Fraternelle
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Une modernisation complète du système et le remplacement du matériel roulant
Cette reconfiguration transformerait Orlyval en ligne de desserte locale, au service des habitants et salariés du secteur. Elle permettrait notamment de désenclaver certains quartiers, comme Guillebaud ou le parc de Tourvoie.
Le coût global du projet est estimé à environ 290 millions d’euros. Une somme importante, mais qui inclut infrastructure, matériel et études de faisabilité.
Réutilisation partielle pour l’aéroport
Aéroports de Paris (ADP), gestionnaire de la plateforme d’Orly, envisage quant à lui un usage interne de la ligne. Orlyval pourrait devenir un moyen de transport entre des parkings relais éloignés et les terminaux.
Dans le cadre du plan Orly 2035, une extension vers Thiais – Orly et le secteur Cœur d’Orly est évoquée. Cette option permettrait de conserver une partie de l’infrastructure tout en répondant à des besoins spécifiques de l’aéroport.
Reconversion en voie douce ou navettes
Île-de-France Mobilités (IDFM) explore d’autres pistes de reconversion :
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Transformation du tracé en couloir de bus rapide
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Mise en place de navettes autonomes
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Conversion en piste cyclable
Ces solutions visent à conserver la plateforme existante, tout en proposant des modes de transport plus flexibles ou durables. Toutefois, elles impliquent un changement complet d’usage et une remise en question du rôle ferroviaire actuel d’Orlyval.
Démantèlement pur et simple
Dernière hypothèse : la fermeture définitive de la ligne et son démantèlement. Ce scénario est le moins coûteux (entre 150 et 200 millions d’euros), mais aussi le plus radical. Il signifierait la disparition d’un maillon de transport entre Antony et Orly, sans alternative immédiate pour certains usagers.
Une mobilisation locale pour préserver la ligne
Depuis 2022, plusieurs élus se mobilisent pour défendre le maintien d’Orlyval. Une association a été créée à l’initiative du maire de Rungis, et regroupe aujourd’hui plusieurs communes : Antony, Wissous, Chilly-Mazarin, Chevilly-Larue, Fresnes… ainsi que des acteurs économiques du pôle Orly-Rungis.
Objectif : démontrer l’utilité locale de la ligne et proposer un projet cohérent avec le développement du territoire. Cette mobilisation a permis d’inscrire des études de transformation d’Orlyval dans le Contrat de plan État-Région 2023-2027.
Et maintenant ?
Aucune décision officielle n’a encore été prise. IDFM rappelle que “la question du devenir de l’infrastructure Orlyval devra être approfondie”. Les prochaines années seront décisives.
À Antony, cette question est suivie de près. La commune, située au cœur des connexions entre RER B, RER C et le futur Grand Paris Express, a tout à gagner d’une solution durable et utile aux habitants.
🔗 Pour en savoir plus : Orlyval sur le site de la mairie d'Antony