Depuis novembre 2010, le Code de la route accorde une priorité claire aux piétons s’engageant sur un passage protégé ou manifestant l’intention de traverser. Pourtant 28% des piétons tués dans des accidents de la circulation le sont sur les passages piétons. La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) du 24 décembre 2019, impose en conséquence une règle simple mais essentielle : aucun stationnement motorisé ne doit être autorisé dans les 5 mètres en amont d’un passage piéton.
Cette mesure, qui s’applique obligatoirement à l’occasion de tout aménagement, réfection ou réhabilitation de voirie, a un objectif vital : garantir une visibilité réciproque entre conducteurs et piétons, condition indispensable pour prévenir les accidents. En effet, un véhicule stationné juste avant un passage piéton crée un “masque à la visibilité”, empêchant l’automobiliste d’anticiper la traversée d’un piéton. Chaque seconde gagnée en visibilité peut faire la différence entre un ralentissement préventif… et un drame.
Sommaire de l'article
Des recommandations claires, des solutions pratiques
Le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) fournit un panel de solutions concrètes, légères ou lourdes pour neutraliser les zones dangereuses en amont des passages piétons.
Aménagements légers possibles
- Arceaux pour vélos : installés dans l’espace libéré, ils permettent à la fois d’empêcher les véhicules motorisés de s’y garer et de répondre à une demande croissante de stationnement pour les cyclistes. Ils sont visuellement peu encombrants et conservent une bonne visibilité.
- Végétation basse bordurée : les aménagements paysagers avec des plantes de moins de 60 cm de hauteur assurent une barrière physique tout en évitant de créer de nouveaux masques à la visibilité. Les espèces sélectionnées doivent être peu exigeantes en entretien et en eau.
- Plots anti-stationnement : disposés stratégiquement, ces plots empêchent le stationnement illégal tout en délimitant clairement l’espace réservé à la visibilité. Certains peuvent servir d’assise pour les piétons.
- Marquage au sol jaune : bien qu’efficace sur le plan réglementaire, ce marquage reste souvent peu dissuasif sans contrôle. Il doit donc impérativement être complété par des éléments physiques.
Aménagements lourds recommandés
- Reprise des bordures pour avancée piétonne : cela consiste à créer une avancée de trottoir qui offre aux piétons un espace d’attente plus sûr et plus visible. Cela réduit également la longueur de la traversée.
- Espaces multi-usages : l’installation de bancs, de jardinières ou d’arceaux sur les zones libérées peut embellir l’espace urbain tout en empêchant physiquement la réappropriation de ces zones par des véhicules motorisés.
- Reprise de bordures avec aménagement végétalisé : cet aménagement crée un ilot sécurisé, esthétique et écologique, tout en empêchant toute tentative de stationnement motorisé.

Pourquoi attendre 2026 quand on peut agir maintenant ?
Le texte est clair : les travaux de mise en conformité doivent être réalisés au plus tard le 31 décembre 2026. Pourtant, à Antony, nombre de passages piétons restent encore flanqués de véhicules motorisés garés au plus près, réduisant à néant toute visibilité pour le piéton et tout temps de réaction pour le conducteur.
Chaque jour sans action est un jour où un piéton peut être percuté car non visible à temps. Ce sont les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées qui peuvent en subir les conséquences.
Pourquoi la municipalité d’Antony attend-elle encore pour agir ?
Une obligation, mais surtout un devoir de protection
De nombreuses communes ont déjà entamé ces mises en conformité, parfois même au-delà du strict minimum de 5 mètres. Dans certains cas, jusqu’à 10 mètres sont dégagés pour assurer une meilleure visibilité, notamment dans les zones à plus forte vitesse ou sur des axes très fréquentés. Dix mètres est d’ailleurs la norme dans la plupart des pays européens.
C’est donc bien une question de volonté politique. La loi impose, mais rien n’empêche d’aller plus vite et plus loin. La mairie d’Antony doit se poser la question : quelle valeur accorde-t-elle à la vie de ses piétons ?
Les solutions sont connues, validées par des experts, financées dans certains cas par des aides de l’État ou des régions. Alors pourquoi ce blocage ? Manque de priorité ? De courage politique ? De sensibilité à la cause des mobilités actives ?
Une action visible, une ville plus sûre
Mettre en œuvre ces mesures n’est pas seulement un acte de conformité légale. C’est un message fort envoyé aux habitants : « Nous prenons votre sécurité au sérieux ». C’est valoriser les modes actifs (marche, vélo), encourager la convivialité de l’espace public, réduire les conflits d’usages et apaiser la ville.
Les outils sont là. Les modélisations existent. Les exemples se multiplient en France comme à l’étranger. Le Cerema propose des fiches claires, chiffrées, illustrées. Il ne manque plus qu’à les appliquer.
Pour en savoir plus
- La loi d’orientation des mobilités (ecologie.gouv.fr)
- Neutralisation des places de stationnement à l’amont des passages piétons (PDF, cerema.fr)
- Neutralisation du stationnement motorisé dans les 5 m en amont du passage piéton d’ici au 31 décembre 2026 (PDF, aitf.fr)
Quelques emplacements à Antony où les automobiles en stationnement bloquent la visibilité :