Sommaire de l'article
Un outil national pour mieux comprendre le vélo du quotidien
Organisé du 28 février au 2 juin 2025, le Baromètre des villes cyclables est devenu la plus vaste enquête citoyenne au monde consacrée au vélo.
Avec 334 000 réponses et 2 640 communes qualifiées, il donne la parole aux habitants, qu’ils vivent dans une grande métropole ou un village.
Son objectif : évaluer le ressenti des usagers et aider les collectivités à co-construire une politique cyclable plus inclusive et sécurisée.
Cette 4ᵉ édition marque un tournant, avec une participation record des petites villes et des quartiers populaires, ainsi qu’une forte hausse de la participation des femmes (+19 % depuis 2021).
Ce baromètre est une initiative de la Fédération française des usagers de la bicyclette et a été relayé à Antony par les membres de Antony à Vélo.
À Antony, une note moyenne mais en progrès
La commune d’Antony obtient une note globale de 3,42 sur 6, classée D — “moyennement favorable” à la pratique du vélo.
Un résultat en hausse de 16 % par rapport à 2021, signe d’un léger progrès, mais encore en retrait par rapport à d’autres villes des Hauts-de-Seine.
Détail des résultats
-
Ressenti global : 3,47 (D)
-
Sécurité : 3,40 (D)
-
Confort : 3,34 (D)
-
Effort de la ville : 3,11 (D)
-
Stationnement vélo : 3,76 (C)
Ces chiffres traduisent une amélioration du confort et du stationnement, mais aussi des attentes persistantes en matière de sécurité et de continuité du réseau cyclable.
Ce que disent les habitants
L’enquête ouverte a permis de recueillir de nombreux commentaires détaillés. Les réponses mettent en lumière les difficultés quotidiennes des cyclistes antoniens et les points positifs observés depuis la dernière édition.
Réseau et continuité : un maillage encore morcelé
Les habitants saluent les efforts réalisés, mais dénoncent un réseau fragmenté : pistes qui s’interrompent brutalement, carrefours dangereux, traversées mal signalées.
Le centre-ville, notamment la rue Auguste-Mounié, cristallise les critiques. Les participants évoquent un “retour en arrière” avec la suppression du double-sens cyclable et une absence de voie dédiée.
RD920 et Croix-de-Berny : un axe structurant mais anxiogène
La RD920 (avenue de la Division Leclerc), qui traverse Antony du nord au sud, est jugée essentielle pour les déplacements, mais peu sécurisée.
Les répondants dénoncent le stationnement illégal sur les bandes cyclables et le carrefour de la Croix-de-Berny, perçu comme “très dangereux” pour les cyclistes.
Entre bandes peintes et vraies pistes : la demande de séparation
Beaucoup réclament des pistes protégées et continues, clairement séparées de la circulation automobile.
Les bandes peintes “au milieu de la route” ou les pistes partagées avec les piétons sont jugées inadaptées et sources de conflits d’usages.
« Les pistes cyclables doivent être totalement séparées de la circulation », écrit un participant.
Sécurité routière et comportements : la vigilance en question
Le sentiment d’insécurité reste élevé. Les automobilistes qui dépassent trop près, les scooters sur les pistes ou les véhicules de livraison en manœuvre sont souvent cités.
Certains participants évoquent aussi les comportements imprudents de certains cyclistes, notamment le non-respect des feux ou des priorités.
Contrôle et sanctions : un besoin de fermeté
Les Antoniens appellent à une verbalisation plus systématique du stationnement sur les pistes cyclables et de la circulation motorisée dans les voies vélo.
Beaucoup soulignent un sentiment d’impunité, estimant que les forces de l’ordre interviennent rarement sur ces infractions.
Entretien et signalisation : rendre les itinéraires lisibles
Les usagers signalent la dégradation des revêtements, les marquages effacés et les bosses causées par les racines, notamment sur la Coulée verte et la RD920.
Les chantiers sont également pointés du doigt : souvent, les cyclistes doivent mettre pied à terre sans alternative sécurisée.
La signalisation manque parfois de clarté, notamment pour les cédez-le-passage cycliste au feu (M12) et les contresens. Beaucoup demandent un jalonnement plus visible entre les quartiers.
Familles et publics vulnérables : un ressenti d’insécurité
Les parents évoquent des trajets dangereux pour les enfants, faute d’itinéraires continus et abrités vers les écoles.
Les abords des établissements scolaires subissent la pression automobile, notamment aux heures d’entrée et de sortie.
Stationnement vélo : un frein persistant
Malgré une note légèrement meilleure que la moyenne, le stationnement reste un point sensible.
Les habitants demandent davantage d’arceaux et d’abris sécurisés, en particulier près des gares et du centre-ville.
Les vols de vélos demeurent fréquents, y compris pour les vélos-cargos.
Gouvernance et concertation : une attente de dialogue
De nombreux répondants souhaitent plus de concertation entre la ville, les associations et les usagers.
La perception d’un “relâchement” depuis la période post-Covid est partagée, certains regrettant un manque de cohérence entre les projets.
L’exemple de la rue Auguste-Mounié revient souvent comme symbole d’une politique jugée “illisible”.
Éducation et partage de la route : vers une culture commune
Les habitants appellent à renforcer la sensibilisation dans les écoles et auprès de tous les usagers : piétons, automobilistes, cyclistes.
Des campagnes de communication “vivre ensemble” ou des écoles du vélo sont régulièrement proposées pour encourager une pratique apaisée.
Les points positifs : des avancées bien perçues
Les Antoniens reconnaissent plusieurs progrès depuis 2020 :
-
Mise en place de coronapistes sur certains axes
-
Bon déploiement des cédez-le-passage M12
-
Amélioration sur quelques tronçons, notamment RD920 et avenue Aristide-Briand
-
Activités pédagogiques locales favorisant l’apprentissage du vélo
La topographie globalement plane de la ville est aussi vue comme un atout pour développer la mobilité douce.
Vers une politique cyclable plus cohérente et concertée
Les tendances dégagées appellent à une action coordonnée entre la Ville, le Département et les communes voisines.
Les priorités exprimées par les usagers sont claires :
-
Créer des pistes continues et protégées sur les grands axes
-
Rétablir le double-sens cyclable en centre-ville
-
Faire respecter les aménagements existants
-
Améliorer l’entretien et le jalonnement
-
Sécuriser le stationnement et lutter contre le vol
Antony à vélo : des perspectives encourageantes
Le Baromètre vélo 2025 dresse un bilan contrasté pour Antony : une progression réelle, mais encore des freins importants à lever.
Les habitants souhaitent une ville où le vélo devienne un mode de déplacement sûr, continu et partagé, accessible à tous les âges.
La réussite passera par une concertation durable, un entretien rigoureux des infrastructures et une culture commune du respect entre usagers.
🔗 Pour en savoir plus : Résultats du Baromètre vélo à Antony