Le décès d’André Aubry, ancien maire d’Antony, survenu le 14 novembre à l’âge de 94 ans, a marqué une étape importante dans la vie locale. Son nom demeure associé à une période de transformations rapides pour la ville, mais aussi à des débats qui ont marqué son parcours politique. Lors du conseil municipal du 20 novembre, élus et témoins de son époque ont retracé son engagement et évoqué la place qu’il a occupée dans l’histoire antonienne. Ce temps d’hommage a permis de rappeler son rôle, ses actions et les souvenirs qu’il laisse derrière lui.
Sommaire de l'article
Parcours et action municipale
Un engagement construit très tôt
Né en 1931 à Valognes, André Aubry s’installe en 1939 à Antony, où il grandit près du passage à niveau, d’abord du côté de Michalon puis rue Alexandre Dumas. Issu d’une famille cheminote, il entre tôt dans la vie professionnelle après un CAP d’ajusteur. Dès 17 ans, il rejoint la CGT puis le Parti communiste français. Cet engagement syndical et politique accompagne l’ensemble de sa trajectoire, au fil d’une période marquée par de profonds changements sociaux et politiques.
Des responsabilités qui s’élargissent progressivement
Il entre au conseil municipal en 1955, à seulement 24 ans, et y siège jusqu’en 1965. En 1968, au lendemain des mouvements sociaux du printemps, il est élu sénateur et devient alors l’un des plus jeunes membres de la chambre haute. Son ancrage local se renforce encore en 1976 lors de son élection au conseil général du canton Sud. En 1977, il remporte les élections municipales et succède à Georges Suant. Ce mandat, qu’il conserve jusqu’en 1983, s’inscrit dans une période de transformation urbaine importante pour la commune. Il reste ensuite conseiller municipal jusqu’en 2008.
Une période marquée par de nombreux projets
Son mandat municipal est associé à plusieurs réalisations qui ont participé à structurer la ville. Il conduit un développement important du logement social avec la création de résidences comme les Morins, l’Herbier, le Moulin, Barthélémy, Jeanne d’Arc ou Mounier. Certaines, comme les Morins conçus par Paul Chemetov, sont souvent citées pour la qualité de leur intégration dans les quartiers. Il soutient également la construction d’équipements publics majeurs. Le collège Anne Frank et le centre de loisirs Paul Roze sont confiés à Jean Nouvel. La ville acquiert un centre de vacances à Samoëns. Le projet de dalle au-dessus du RER, la création d’un parking sous la place du Marché et l’ouverture du cinéma Le Select témoignent d’une volonté d’accompagner la modernisation du centre-ville. La culture et la participation citoyenne occupent également une place importante dans son action, avec la rénovation du théâtre Firmin Gémier, l’organisation de la Fête des Castors ou encore l’ouverture de maisons de quartier.
Un engagement au parti communiste
Son engagement durable au Parti communiste français intervient dans une période où le mouvement reste lié à l’Union soviétique. Cette proximité nourrit des débats, notamment après les événements de Hongrie, de Tchécoslovaquie ou d’Afghanistan, et conduit certains militants à quitter le parti. En 1983, son mandat de maire s’achève dans un contexte électoral tendu. Les élections municipales sont annulées après que le tribunal administratif puis le Conseil d’État ont relevé plusieurs irrégularités. Le nouveau scrutin conduit à l’élection de Patrick Devedjian. Par ailleurs, à partir de 2007, il préside l’Association d’amitié franco-coréenne avant d’en devenir président d’honneur en 2015 en présence de représentants du régime totalitaire de Corée du Nord.
L’hommage rendu au conseil municipal
Des interventions nourries de souvenirs
La séance du conseil municipal du 20 novembre s’est ouverte par un moment de recueillement consacré à André Aubry. Le maire, Jean-Yves Sénant, a rappelé l’importance qu’il a eue dans l’histoire de la commune. Il a évoqué une période marquée par des débats vifs et par des choix déterminants pour l’évolution de la ville, tout en soulignant que son rôle institutionnel restait inscrit dans la mémoire de nombreux habitants. Il a également mentionné les élections de 1983, décrites comme l’un des épisodes les plus tendus de la vie politique locale.
Irène Huard a partagé des souvenirs liés à la transformation de la ville durant les années où il exerçait la mairie. Elle a rappelé sa volonté d’accompagner la croissance démographique par de nouvelles infrastructures et a insisté sur l’attention qu’il portait au personnel municipal. Elle a décrit un élu soucieux de comprendre le fonctionnement des services et de soutenir ceux qui contribuaient à l’action quotidienne de la commune.
Pascal Colin est revenu à son tour sur les échanges qu’il a pu avoir avec lui au fil des décennies. Il a évoqué un maire parfois contesté mais toujours déterminé à défendre ses projets, même dans des périodes de débat intense. Pour lui, ces rencontres ont joué un rôle dans la construction de son propre engagement politique. Plusieurs élus ont ensuite rappelé que son passage à la tête de la ville, bien que limité à un seul mandat, avait laissé une empreinte durable, notamment grâce aux réalisations culturelles et urbaines menées durant cette période.
Une présence durable dans la mémoire locale
Au fil des interventions, une même idée s’est imposée : André Aubry reste associé à un chapitre singulier de l’histoire d’Antony. Son parcours, depuis son arrivée en 1939 jusqu’à ses derniers engagements associatifs, illustre les différentes voies par lesquelles un élu peut contribuer à la transformation d’un territoire. Les interventions ont mis en lumière la continuité des actions publiques menées à Antony et la manière dont ces engagements se sont inscrits dans la durée.
Le souvenir de Christian Hézode et Rémy Poutiers
Le conseil municipal a également rendu hommage à deux élus récemment disparus. Christian Hézode, né en 1930 et ancien DRH au CEA, s’est engagé pour Antony à partir de 1989. Il a travaillé sur les questions sociales, la prévention, le handicap et l’accompagnement du vieillissement. Il a ensuite participé au développement des activités musicales du conservatoire Darius Milhaud, convaincu de l’importance de la culture dans la vie locale.
Rémy Poutiers, né en 1946 et professeur de dessin, a consacré son engagement à l’action sociale. Il a pris part à l’ouverture du lieu d’accueil La Pause et contribué à la création d’une structure devenue l’antenne locale d’Habitat et Humanisme. Les élus ont observé une minute de silence en leur mémoire, soulignant la valeur de leur contribution au service public local.
Les funérailles d’André Aubry auront lieu samedi à 10 h 15 au cimetière communal situé rue de Châtenay. Elles offriront un dernier moment de recueillement à celles et ceux qui souhaitent saluer le parcours d’un homme ayant occupé une place durable dans la vie politique antonienne.





